Le bruit d'un cheval arrivant au grand galop dit dresser la tête à tous les guerriers affecté à la défense du village des Ours. En une poignée de secondes, ils étaient répartis de part et d'autre de la piste, guettant l'arrivée du nouveau venu. L'arc bandé, l'un d'eux eut à peine le temps de se retourner pour voir sauter au-dessus de lui au sortir du bois un cheval court sur patte surmonté par un cavalier à l'allure de bête sauvage.
-Halte, cria-t-il en shaw-nee, une langue commune à tous les peuples natifs. Cavalier, arrête toi.
L'homme continua sa course, puis fit faire une volte rapide à sa monture avant de revenir au pas de charge sur le pauvre guerrier qui commençait à jeter des coups d'oeils de tous les côtés. Il fut vite rassuré de voir tous les autres défenseurs se regrouper autour du couple qui avait pilé devant lui.
D'autres guerriers s'étaient approchés, l'air méfiant.
- Qui es-tu ? Pourquoi ne respectes-tu pas le protocole ? demanda une voix hargneuse.
Le cavalier baissa des yeux aux paupières à demi-baissées sur celui qui avait pris la parole. C'était en fait un vieil homme, ou peut être que des années de lutte avaient marqué son corps et ses traits. Ses puissants bras noueux, posés calmement su l'encolure du cheval, trahissaient tout de même une certaine nervosité. Les muscles finement ciselés tressaillaient sous une peau burinée et presque entièrement recouverte de cicatrices.
Il appartenait probablement à un clan de chasseur, ou peut être était-ce un de ces chasseurs solitaires. Les peaux de bêtes qu'il portaient répandaient une odeur d'animal très forte, et à chacune de ses respirations, d'innombrables colliers, bracelet, ceinturons, faits de griffes, de dents et d'os variés teintaient.
Il mit lentement un pied à terre, et s'approcha du jeune guerrier qui le toisait de plus d'une tête.
Embrasé par une fougue propre à tous ces jeunes natifs, le guerrier mit une main sur l'épaule du vieux chasseur, dans l'intention de le stopper. L'autre sourit, défit calmement son ceinturon et fit tomber au sol dans le même geste une myriade d'armes variées.
Le reste se déroula en une fraction de seconde. Seul une bête sauvage aux sens exacerbés aurait pu suivre ce qui s'était passé, mais les hommes présents ne purent voir que leur ami par terre se tordant de douleur.
Le cavalier remonta calmement sur sa monture, après avoir ramassé son matériel, et se dirigea vers le centre du village. Après quelques pas, il se retourna sur sa selle, et fronça les sourcils.
- Je suis Thunder Hawk, le Chasseur de Blancs, Chef de Guerre de la tribu des Asparokes. Et si vous voulez aussi que je descende vous botter le cul, vous n'avez qu'à le demander.